samedi 22 février 2014

La Connaissance de Soi

La connaissance de soi passe par plusieurs étapes qu’il convient de franchir l’une après l’autre et sans précipitation pour atteindre à un plein épanouissement. Imaginez que votre vie se déroule sous vos yeux sous la forme d’un escalier, ou mieux encore d’un arbre dont les plus hautes branches recèlent au sein d’un inextricable feuillage les plus folles de nos espérances. Votre vie se passera à grimper et grimper encore, en fournissant parfois de terribles efforts pour atteindre le sommet.

Nous naissons en portant en nous la conscience de ce que notre vie doit être. Dès l’enfance nous savons orienter nos choix de vie et pour peu que l’on prenne la peine de nous écouter nous sommes capables d’exprimer clairement  la vision de notre devenir. Nous connaissons le chemin à prendre pour accéder au bonheur, nous pourrions nous y engager les yeux fermés ! Mais peu d’entre nous le ferons… 

Dès que nous atteignons l’adolescence les codes sociaux et familiaux nous lient, nous empêchent de progresser dans la bonne direction, nous n’avançons plus qu’en fonction d’eux et non de nous-mêmes, nous n’écoutons plus notre cœur. Est-ce un oubli ? Pas forcément. Si chacun de nous prend la peine de revenir en arrière et de se replonger dans cette époque de sa vie il comprend que les révoltes de son adolescence étaient autant de cris visant à le ramener sur le bon chemin. Bien entendu certains prendront la route qui leur convient et réaliserons toutes leurs ambitions, ils atteindront au bonheur sans faillir parce que ils auront eu l’intelligence d’écouter cette petite voix qui les guidait avec ténacité.

La grande majorité n’aura pas l’ouïe aussi fine. Soucieux de ne pas déplaire à leurs proches ils veilleront pendant des années à ne pas s’écarter du chemin qui leur est assigné, avec au cœur en permanence cette désagréable sensation de passer à côté de quelque chose de vraiment important. Dans ce cas de figure il convient de séparer ceux qui s’entêtent à continuer et ceux qui finissent par se remettre en cause, les second prenant le très gros risque de recommencer leur vie à zéro en faisant table rase du passé. 

Il est très difficile de s’alléger d’une vie bien organisée, de laisser derrière soi une activité, des loisirs, parfois un toit sous lequel on se sent bien… Le bonheur est celui que l’on vit dans l’instant, celui que l’on a patiemment construit, et s’il ne colle pas à nos idéaux d’enfance il n’en demeure pas moins réel ! S’il est pénible de se séparer du matériel, le plus dur est de quitter des personnes qui nous aiment et  que l’on aime, ceux-là ne comprennent pas toujours ce qui motive nos choix. S’il est de fait que l’on s’approprie un environnement au fil des années, on agit de même avec toutes les personnes qui font partie de notre vie ! Consciemment ou pas ces gens-là finissent par vouloir diriger notre vie et nous modeler à l’image qu’ils se font de nous, ils sont intimement persuadés de savoir ce qui nous convient mieux que nous et pensent agir dans notre intérêt alors qu’en réalité ne les animent que leurs propres motivations. En voulant nous aider ils tissent insidieusement un filet inextricable dans lequel nous demeurons empêtrés jusqu’au jour où dans un sursaut de lucidité et de courage, nous réussissons à trancher les liens…

Suivre ce doux, cet infime murmure qui chante dans nos cœurs, là, quelque part… Nous avons cette sensation d’inachevé, ce sentiment que la vie pourrait être mieux, plus belle, plus adaptée à ce que nous sommes. Choisir de suivre sa propre voie et d’écouter son cœur c’est aussi s’éloigner de la vie que nous avions accepté de vivre, pas seulement pour complaire à des proches mais souvent parce que c’était le chemin le plus facile à suivre. En se disant que ma foi cette vie-là c’était toujours une vie et qu’elle en valait bien une autre ! Mais chacun de nous ne mérite-t-il pas de vivre autrement et mieux que cela ? Notre vie est ce que nous en faisons, nous la construisons, la détruisons, la construisons à nouveau… L’homme est ainsi fait qu’il ne s’arrête jamais très longtemps. Une pierre après l’autre il bâtit sa vie, avec ardeur, avec persévérance, et parfois avec amour. Mais pour autant écoute-t-il les avertissements de son cœur ? Porte-t-il attention aux signes ? Ces infimes moments de grâce qui nous ouvrent les yeux et sur lesquels nous ne nous attardons pas, songeant que peut-être nous avons rêvé, imaginé… Qui d’entre nous n’a pas eu au moins une fois la sensation étrange d’avoir déjà vécu un instant de sa vie, de reconnaître une situation, un lieu, des étrangers ! Cela paraît tellement invraisemblable que nous préférons oublier très vite, et c’est ainsi que nous négligeons de reconnaître les signes qui nous adjurent de prendre notre vie en main. L’homme qui décide un jour de lâcher prise, de cesser de raisonner à propos de tout et d’ouvrir son cœur au monde qui l’entoure, celui-là peut seul reconnaître et comprendre les signes.

L’homme n’est qu’un maillon de notre Cosmos, une  âme reliée à toutes les autres formes de vie. L’Univers tout entier naît, vit, et souffre avec lui…  Lorsqu’une vie s’interrompt, la chaîne se brise le temps d’un adieu avant de continuer à vivre. Dans l’immensité qui l’entoure l’homme peut trouver son chemin, il devra surmonter de nombreux obstacles et affronter l’adversité, la défaite, la peur, l’inconstance, la trahison, l’humiliation parfois ! Mais à force d’obstination il progressera vers la vie qui lui est destinée, celle-là seule qui lui permettra d’atteindre la sérénité. Il ne s’agit pas à proprement parler de bonheur, cette notion est bien trop réductrice pour exprimer l’amplitude de ce sentiment auquel chacun peut prétendre, cette sensation douce et paisible d’avoir atteint son but. 

Etre à sa place dans l’Univers se mérite, et tout d’abord il faut apprendre le Langage Universel, celui qui nous relie à tout ce qui vit ! Chacun de nous peut en faire l’apprentissage et atteindre à la plus parfaite, étonnante et merveilleuse des compréhensions. Celle qui nous ouvre toutes les portes et nous permet de prendre la mesure de l’immensité et de l’éternité du Cosmos. Pour cela il faut laisser de côté tout ce que l’on a appris pour plonger au cœur de l’impossible et découvrir en soi les réponses. Des murmures du vent aux lumières des étoiles, du bruit de l’océan aux pulsations de la terre, du langage des animaux à celui des plantes, des mémoires inscrites dans les roches à celles qui façonnent les dunes… Tout n’est qu’un seul cœur, et le nôtre bat à l’unisson du monde entier ! Suffit-il de s’ouvrir au monde qui nous entoure ? Oui, pour commencer… Mais l’apprentissage est long et difficile, et  la clé de la connaissance réside dans la ténacité. 

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