La
connaissance de soi passe par plusieurs étapes qu’il convient de franchir l’une
après l’autre et sans précipitation pour atteindre à un plein épanouissement.
Imaginez que votre vie se déroule sous vos yeux sous la forme d’un escalier, ou
mieux encore d’un arbre dont les plus hautes branches recèlent au sein d’un
inextricable feuillage les plus folles de nos espérances. Votre vie se passera
à grimper et grimper encore, en fournissant parfois de terribles efforts pour
atteindre le sommet.
Nous
naissons en portant en nous la conscience de ce que notre vie doit être. Dès
l’enfance nous savons orienter nos choix de vie et pour peu que l’on prenne la
peine de nous écouter nous sommes capables d’exprimer clairement la vision de notre devenir. Nous connaissons
le chemin à prendre pour accéder au bonheur, nous pourrions nous y engager les
yeux fermés ! Mais peu d’entre nous le ferons…
Dès
que nous atteignons l’adolescence les codes sociaux et familiaux nous lient,
nous empêchent de progresser dans la bonne direction, nous n’avançons plus
qu’en fonction d’eux et non de nous-mêmes, nous n’écoutons plus notre cœur.
Est-ce un oubli ? Pas forcément. Si chacun de nous prend la peine de
revenir en arrière et de se replonger dans cette époque de sa vie il comprend
que les révoltes de son adolescence étaient autant de cris visant à le ramener
sur le bon chemin. Bien entendu certains prendront la route qui leur convient
et réaliserons toutes leurs ambitions, ils atteindront au bonheur sans faillir
parce que ils auront eu l’intelligence d’écouter cette petite voix qui les
guidait avec ténacité.
La
grande majorité n’aura pas l’ouïe aussi fine. Soucieux de ne pas déplaire à
leurs proches ils veilleront pendant des années à ne pas s’écarter du chemin
qui leur est assigné, avec au cœur en permanence cette désagréable sensation de
passer à côté de quelque chose de vraiment important. Dans ce cas de figure il
convient de séparer ceux qui s’entêtent à continuer et ceux qui finissent par
se remettre en cause, les second prenant le très gros risque de recommencer
leur vie à zéro en faisant table rase du passé.
Il
est très difficile de s’alléger d’une vie bien organisée, de laisser derrière
soi une activité, des loisirs, parfois un toit sous lequel on se sent bien… Le
bonheur est celui que l’on vit dans l’instant, celui que l’on a patiemment
construit, et s’il ne colle pas à nos idéaux d’enfance il n’en demeure pas
moins réel ! S’il est pénible de se séparer du matériel, le plus dur est
de quitter des personnes qui nous aiment et
que l’on aime, ceux-là ne comprennent pas toujours ce qui motive nos
choix. S’il est de fait que l’on s’approprie un environnement au fil des
années, on agit de même avec toutes les personnes qui font partie de notre
vie ! Consciemment ou pas ces gens-là finissent par vouloir diriger notre
vie et nous modeler à l’image qu’ils se font de nous, ils sont intimement persuadés
de savoir ce qui nous convient mieux que nous et pensent agir dans notre
intérêt alors qu’en réalité ne les animent que leurs propres motivations. En
voulant nous aider ils tissent insidieusement un filet inextricable dans lequel
nous demeurons empêtrés jusqu’au jour où dans un sursaut de lucidité et de
courage, nous réussissons à trancher les liens…
Suivre
ce doux, cet infime murmure qui chante dans nos cœurs, là, quelque part… Nous
avons cette sensation d’inachevé, ce sentiment que la vie pourrait être mieux,
plus belle, plus adaptée à ce que nous sommes. Choisir de suivre sa propre voie
et d’écouter son cœur c’est aussi s’éloigner de la vie que nous avions accepté
de vivre, pas seulement pour complaire à des proches mais souvent parce que
c’était le chemin le plus facile à suivre. En se disant que ma foi cette vie-là
c’était toujours une vie et qu’elle en valait bien une autre ! Mais chacun
de nous ne mérite-t-il pas de vivre autrement et mieux que cela ? Notre
vie est ce que nous en faisons, nous la construisons, la détruisons, la
construisons à nouveau… L’homme est ainsi fait qu’il ne s’arrête jamais très
longtemps. Une pierre après l’autre il bâtit sa vie, avec ardeur, avec
persévérance, et parfois avec amour. Mais pour autant écoute-t-il les avertissements
de son cœur ? Porte-t-il attention aux signes ? Ces infimes moments
de grâce qui nous ouvrent les yeux et sur lesquels nous ne nous attardons pas,
songeant que peut-être nous avons rêvé, imaginé… Qui d’entre nous n’a pas eu au
moins une fois la sensation étrange d’avoir déjà vécu un instant de sa vie, de
reconnaître une situation, un lieu, des étrangers ! Cela paraît tellement
invraisemblable que nous préférons oublier très vite, et c’est ainsi que nous
négligeons de reconnaître les signes qui nous adjurent de prendre notre vie en
main. L’homme qui décide un jour de lâcher prise, de cesser de raisonner à
propos de tout et d’ouvrir son cœur au monde qui l’entoure, celui-là peut seul
reconnaître et comprendre les signes.
L’homme
n’est qu’un maillon de notre Cosmos, une
âme reliée à toutes les autres formes de vie. L’Univers tout entier
naît, vit, et souffre avec lui…
Lorsqu’une vie s’interrompt, la chaîne se brise le temps d’un adieu
avant de continuer à vivre. Dans l’immensité qui l’entoure l’homme peut trouver
son chemin, il devra surmonter de nombreux obstacles et affronter l’adversité,
la défaite, la peur, l’inconstance, la trahison, l’humiliation parfois !
Mais à force d’obstination il progressera vers la vie qui lui est destinée,
celle-là seule qui lui permettra d’atteindre la sérénité. Il ne s’agit pas à
proprement parler de bonheur, cette notion est bien trop réductrice pour
exprimer l’amplitude de ce sentiment auquel chacun peut prétendre, cette
sensation douce et paisible d’avoir atteint son but.
Etre à sa place dans
l’Univers se mérite, et tout d’abord il faut apprendre le Langage Universel,
celui qui nous relie à tout ce qui vit ! Chacun de nous peut en faire
l’apprentissage et atteindre à la plus parfaite, étonnante et merveilleuse des
compréhensions. Celle qui nous ouvre toutes les portes et nous permet de
prendre la mesure de l’immensité et de l’éternité du Cosmos. Pour cela il faut
laisser de côté tout ce que l’on a appris pour plonger au cœur de l’impossible
et découvrir en soi les réponses. Des murmures du vent aux lumières des
étoiles, du bruit de l’océan aux pulsations de la terre, du langage des animaux
à celui des plantes, des mémoires inscrites dans les roches à celles qui
façonnent les dunes… Tout n’est qu’un seul cœur, et le nôtre bat à l’unisson du
monde entier ! Suffit-il de s’ouvrir au monde qui nous entoure ? Oui,
pour commencer… Mais l’apprentissage est long et difficile, et la clé de la connaissance réside dans la
ténacité.